Jargon

Les mots pour le dire / fail #6: « J’ai enregistré le code ISRC »


Le problème avec le droit, c’est qu’on en fait toujours sans le savoir, alors parfois, mieux vaut savoir qu’on en fait, ça évite bien des problèmes. Oui, cette phrase tourne sur elle-même, et c’est à l’image de ce qui vous attend si vous ne veillez pas un minimum à votre jargon. Parce que pour bien vous entendre avec vos partenaires, parler la même langue, c’est pas inutile.

« J’ai enregistré le code ISRC, mais pas encore le morceau ». Voyons voyons…

Là, on met le doigt sur un de ces verbes fourre-tout qui, quand ils sont mal employés, peuvent devenir particulièrement gênants dans une conversation du milieu autoprod. En effet, « enregistrer » renvoie à des actions très différentes selon le contexte dans lequel on l’emploie. Et malheureusement on néglige souvent le contexte, ou parfois son interlocuteur. Par ignorance, par facilité, ou même par effet de langage (la pire des excuses). Évidemment, les imprécisions conduisent généralement à des erreurs. Alors pour les éviter, rien de plus efficace que d’utiliser les termes justes et appropriés au contexte.

Quitte à paraitre pointilleux, on ne devrait utiliser ce verbe que dans une seule situation: En studio, avec des micros ou devant un Protools. Là, on enregistre, effectivement. De la musique. C’est d’ailleurs ce qu’on appelle en droit une fixation d’œuvre sur un support, donnant naissance à un phonogramme. Ce qui est nettement moins funky, avouons-le (le contexte, encore).

« Enregistrer un morceau » à la SACEM ou à la SPPF, c’est en réalité faire un dépôt ou une déclaration d’œuvre ou de phonogramme. Parler d’enregistrement ici est un raccourci de langage sans grande conséquence. C’est pas très optimal, mais ça ne devrait pas créer de quiproquo.

En revanche, « enregistrer un code ISRC », ça n’existe pas vraiment. Comme je le détaille dans cet article, le producteur crée un code, le transmet à ses partenaires ou son distributeur, l’intègre numériquement dans son master avec son ingé-son, ou l’indique dans sa déclaration de phonogramme.

Revenons à cette phrase que vous lisez en introduction, que j’ai encore entendue cette semaine. Elle ne voulait tout simplement rien dire. Et cette malheureuse personne, qui ne faisait que répéter ce qu’on lui avait (mal) dit, ne savait pas du tout ce qui avait été fait, ni ce qui était à faire avec son code ISRC. Retour au bureau pour démêler tout ça. Dommage, à un mot près il aurait perdu moins de temps. Mais il n’a perdu que du temps. Imaginons qu’il ait compris que ses phonos avaient été déclarés dans une société de gestion, alors qu’en réalité seuls ses codes ISRC avaient été intégrés dans son master, il ne toucherait pas ses droits. C’est déjà plus embêtant…

Moralité :

On ne le dira jamais assez, les mots ont du sens. Alors employez-les ! Et méfiez vous des termes trop généraux, la plupart du temps ils le sont beaucoup trop pour désigner les choses particulières que vous faites. Si vous pouvez enregistrer ça, vous serez toujours gagnant !

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Les mots pour le dire / fail #3: « Mes royalties de la Sacem »
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